Un rossignol et deux amants
Théâtre burlesque et décalé
Une réécriture discourtoise de deux lais de Marie de France.
« Une proposition burlesque et surréaliste. »
Distribution :
Philomène MITAINE et Nathalie VAN CAPPEL, comédiennes
Raymond MITAINE, mise en scène.
Vanessa SANCHEZ, collaboration artistique
Soutiens et co-production :
Ce spectacle a reçu le soutien la DRAC et du Conseil Régional de Bourgogne, du Conseil Départemental de Côte-d’Or et de l’inspection académique de Dijon.
PUBLIC : spectacle tout public à partir de 11 ans.
DURÉE : 1 heure.
Toutes les dates :
Les notes
Note d'intention
Un breuvage à consommer sans modération sur les sites patrimoniaux
Il ne faut pas laisser les œuvres dormir. C’est le pire sort qu’on puisse leur souhaiter, car c’est pour elles la mort assurée ! Et celle-ci est une véritable belle au bois dormant. Elle dort depuis neuf siècles, puisque les lais de Marie de France datent du XIIe siècle. Nous avons décidé de jouer au prince charmant, et par conséquent de la réveiller.
Nous n’avions pas eu jusqu’ici l’opportunité de la réveiller dans un décor digne de son grand âge, mais voici que l’occasion nous en est offerte par les sites que vous mettez à la disposition des comédiens pour faire revivre au contact du spectacle vivant la beauté des pierres ; et quoi de plus approprié à l’ancienneté du décor que l’ancienneté du texte.
Mais il s’agit de « réveiller » la parole d’une des premières femmes de Lettres de la littérature française, et pour cela de la rendre immédiatement compréhensible au public du XXIème siècle ; nous l’avons donc traduite, car son ancien français, mâtiné de breton, sonnerait comme une langue étrangère aux oreilles d’un public contemporain. Nous avons cependant respecté la musique du texte qui est écrit en vers ; nous l’avons donc joué autant que possible dans la langue de Marie de France ; ou plutôt nous nous en sommes joués !
En effet, si nous nous sommes montrés fidèles à la lettre du conte dont nous avons même reproduit la versification, nous en avons joyeusement subverti le sérieux, et par conséquent l’idéologie courtoise. Car pour nous, l’humour n’interdit pas l’admiration ; il dépoussière le faux respect ; les moustaches de Duchamp ont plus fait pour la gloire de la Joconde que le culte pudibond que lui ont voué des générations d’idolâtres ; nous sommes très amoureux de Marie de France, et sous le clownesque maquillage que nous lui avons appliqué nous avons laissé transparaître le joli visage de son « lai ».
Un lai est à l’origine un petit récit, entrecoupé de passages lyriques soutenus par la harpe celtique, puisque le lai est d’origine bretonne. Disons qu’en le « farcissant » (à la manière de Rabelais) de commentaires parodiques ou anachroniques, et en le jouant sur un mode décalé nous brisons quelque peu sa belle vitrine lyrique, mais c’est au bénéfice de la jouvence comique.
A sa diversité de registres et de langues, le conte présente l’avantage de sa simplicité narrative. Le Lai du Laüstic raconte l’histoire d’une dame qui tombe amoureuse de son voisin. La jalousie du mari les empêche de se rencontrer, et la jeune femme ne peut sortir sur son balcon pour communiquer avec son amant que sous le prétexte d’écouter le rossignol chanter. Le mari le devine, au grand dam de l’oiseau et du couple adultère.
Ajoutons que notre « rossignol » ( c’est le sens de « laüstic » en vieux breton ») ne sort pas du nid ; nous en avons testé l’efficacité devant toutes sortes de publics, tant adulte que jeune public, et dans des lieux très divers, auxquels il peut s’adapter grâce à son format de poche, du bar à la salle de classe, en passant par la scène. Il s’acclimatera donc on ne peut plus facilement au paysage historique que vous lui offrirez qu’il soit minéral ou végétal, intérieur ou extérieur.
Note de mise en scène
La mise en scène participe directement du projet de détournement comique. Ce dernier affecte d’abord la scénographie : au lieu d’un noble décor de château, auquel peut s’attendre le public, nous le transportons d’abord dans un très ordinaire bar – restaurant pour lui jouer le « Laüstic » (un Rossignol), puis devant un très populaire stand – buvette d’un improbable Tour de France pour lui jouer les « Deux Amants ». Le temps subit alors le contrecoup de cette délocalisation, et les personnages perdent leurs attributs moyenâgeux : au lieu d’épées, des fourchettes, au lieu de chevaux, des vélos… mais la transposition va beaucoup plus loin, et sollicite l’imaginaire humoristique du spectateur par le jeu de la métaphore anachronique : des gobelets y deviennent des créneaux, un égouttoir servira de casque etc… Il en résulte une architecture de scène extrêmement simple, réduite à un bar pouvant se transformer en stand, et qui nous permet de jouer le spectacle dans n’importe quelles conditions puisqu’elle se réduit à un bar qui peut se transformer en stand. Le bar nous offre de plus les ressources théâtrales d’un castelet de marionnettistes.
Dans un tel prisme de tons et de couleurs les comédiennes doivent faire preuve d’une extrême fluidité pour raconter l’histoire et incarner tour à tour chacun des personnages. Elles composent ainsi une rhapsodie de numéros qui se déroule à la manière d’un spectacle de cabaret, mais un cabaret littéraire qui ressuscite une œuvre bientôt millénaire.